CORPUS FEMINA
1. LA VULVITUDE DES CHOSES
1. LA VULVITUDE DES CHOSES
2. CLITOPANDEMIE
3. LE MONDE A L'OVAIRE
4. LEGENDAMES
Nous
sommes filles
Nous
sommes filles, femmes
Nous
sommes filles de femmes racines
Nous
sommes filles de femmes, racines violées
Nous sommes mémoires d’Adn
en colère
Nous sommes mémoires d’Adn
Nous sommes mémoires d’Adn
Nous sommes
Nous sommes
Nous sommes gorges
Nous sommes gorges
déployées
Nous sommes les gorges
déployées de leurs cris tus
Nous avons la rage au sang
La peur inscrite dans le
palpitant
Nous avons la vengeance
radieuse au corps
Et le chant des plaintes avouées
Nous sommes
Nous sommes chasseuses
Nous sommes chasseuses de
ténèbres
Nous sommes chasseuses de
ténèbres enfouies
Nous avons la drogue en
résistance
Les pleurs dans nos
pilules effervescentes
Violettes, bleuies,
poudreuses,
croquées, craquées,
coupées.
Nous sommes Matrones
Nous sommes Fébriles
Nous sommes Femmes Fatales
Nous sommes femmes Serpent
Nous sommes Meufs
Nous parlons
Nous parlons de leurs
entrailles
Nous parlons de leurs
entrailles meurtries
‘ Ô mon ancêtre
Mère d’une lignée
Que votre fluide soit libéré
Éparpillé, diamants
éclatés célestes
Calcifiés, Callisto, nous
sommes chasseuses,
Poudreuses des sols foulés
par nos pieds.
Je vous salue
Pleine de grâce rendue,
toute garce tendue
Que votre sang soit lavé,
que votre vulve soit lavée
Vous êtes – nous sommes
Ô mon ancêtre
Grande Dame, pauvre femme
aux nobles mains
Que vos sabots rient
encore sur tes danses effrénées
Que martèlent encore le
fer aux étincelles
Que vos mains affleurent
encore les charmes des femmes
Que notre courant d’âme se
réveille sans cesse
Electricité héréditaire.
Nous sommes
Nous sommes passeuses
Nous sommes distilleuses
usées
Nous sommes purgeuses
Nous sommes laveuse
Nous sommes élixir
Eau de vos vies
distillées,
en nos corps
Nous sommes
Sommes
Sommes
Nous sommes …
Légendâmes
2017
5. INTERCARNATION
Je
ne resterai assise que par choix.
Je
refuse la torture de la chaise et du mutisme.
Electricité
dans mes jambes
À
écouter nous salir l’imaginaire,
Je
redeviens Atalante ! Je claque la porte à ceux qui voudraient me
calmer et je reprends ma course effrénée. Fuite Sublime.
Je
laverai mes oreilles par les jambes.
Bandaison
extrême.
Muscles
en flamme.
ET
RIRES DEMONIAQUES POUR DERNIERES SALUTATIONS.
Ma
bouche est grande ouverte
Goule
rutilante
Bouche
jouisseuse, enfouisseuse de mets
Bouche
jouissante, propulsante de mots
Bouche
écluse à moules, à mandibules, larves-cocons, insectes, un zeste
de limon, marée saline, marais salant, éclosion,
Bouche
crachoir à métamorphe, à métastase déchues, ex-reclues en fusée
infiniment répandues en microparticules à ingérer dès le petit
déjeuner.
J’offre
toute mon épauliture
Envers
et Revers
Guerre
d’insoumises
Par
les bras ouverts nus ou matelassés
Les
jeunes épaulières sont des promontoires collectifs
Paravent
contre les pudeurs moribondes
Epaules
armées…et douces
Epaules
tour de garde
Au-dessus
d’un paysage miné
Dos
de traces, vestiges de carrières d’oppression
Dos
de gravats, dos-pare balles, dos-épaves,
Dos-éprouvé,
dos-décadent, dos-cils vibrants,
Dos-antennes
invisibles, dos-refus
Dos-limites,
dos-border, dos-Futur…
Dos
épineux, dos fouilles archéologiques
Dos
Sondes.
Je
me souviens des mères de ma mère et de mon père
Je
me souviens des mères de mes mères
Je
me souviens des sœurs de mes mères
Je
me soutiens des sœurs de mes sœurs
Je
me souviens de ma grand-mère
Je
me soutiens de ma grand-mère
Je
me tiens sous mes os de ma grand-mère
Je
me bats contre la voûte humaine
Je
choisis mes ébats
Abolition
du viol
J’ai
l’épine dorsale rageuse
Je
me bats conte la succion des moelles
Contre
la porosité par endormissement
de(la)
masse
Je
m’ébats contre la globalisation
De
la honte
Levier
catapulteur
Sphère
ressort
Ma
glotte a cessé d’avaler les injures
Elle
crache, feu, sève et épines
La
glotte, puits de nuages atomiques haut-parleurs
Les
vannes sont lâchées…
Je
m’octroie des alcôves régénérescentes aux globes oculaires ;
Une
vision dotée d’un care-share.
Toutes
les images positives, dans les sens où elles me font du bien au
moment où je les vois, vivantes dans des lieux, et qui peuvent être
utilisées partagées contre les images qui mettent en position
d’impuissance quelqu’un.e, moi-même… une banque (je n’aime
pas le mot) d’images qui pourrait autoproduire de nouvelles images
aussi.
Des
yeux désagressés, oui.
Des
larmes pour care-share. Passer par la matière liquide pour refondre
les images.
Comme
il est nécessaire de reconnaître
le
plaisir de toucher les cheveux,
tous
les cheveux, toutes les textures,
toutes
les épaisseurs, toutes les couleurs,
toutes
les structures et les histoires des cheveux.
Les
toucher avec les mains, avec leur cuir chevelu
et
leur crâne en dessous. Faire rouler les cheveux
entre
les doigts, sur les paumes, sous les narines avec lenteur,
avec
la peau. On a besoin de se toucher,
pour
s’incarner, se rencontrer les peaux, s’intercarner.
Pas
seulement à deux, mais au moins à trois ou plus,
Sans
violence, sans affront, sans douleur, sans dominer.
Des
peaux contre peaux qui se touchent avec leur état de peau,
leurs
sensations de peau, leur système de reconnaissance de peau,
leurs
émotions de peau, leur perception de peau,
leur
intelligence de peau, leur envie de peau, leur désir de peau,
leur
rêve de peau, leur rire de peau, leurs épaisseurs de peau,
leur
solitude de peau, leur souvenir de peau, leur politique de peau, leur
curiosité de peau, leur texture de peau, leur temporalité de peau,
leurs héritages génétiques de peau, leurs secrets de peau, leur
greffe de peau, leur changement de peau…
Pour
se toucher.
Avant
que ne s’enclenche la peu-, le mépr-, le rej-, l’indif-.
Avant
même.
Et
ensuite, si besoin, muer. Laisser se détacher sa vieille peau, sa
carapace devenue compressante et usée.
L’offrir
en pâture aux acariens, aux rongeurs, aux poissons.
Se
faire l’écume d’une peau ou le festin des fourmis.
Avril
2018
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