Intercarnation


Je ne resterai assise que par choix.
Je refuse la torture de la chaise et du mutisme.
Electricité dans mes jambes
À écouter nous salir l’imaginaire,

Je redeviens Atalante ! Je claque la porte à ceux qui voudraient me calmer et je reprends ma course effrénée. Fuite Sublime.
Je laverai mes oreilles par les jambes.
Bandaison extrême.
Muscles en flamme.
ET RIRES DEMONIAQUES POUR DERNIERES SALUTATIONS.


Ma bouche est grande ouverte
Goule rutilante
Bouche jouisseuse, enfouisseuse de mets
Bouche jouissante, propulsante de mots
Bouche écluse à moules, à mandibules, larves-cocons, insectes, un zeste de limon, marée saline, marais salant, éclosion,
Bouche crachoir à métamorphe, à métastase déchues, ex-reclues en fusée infiniment répandues en microparticules à ingérer dès le petit déjeuner.


J’offre toute mon épauliture
Envers et Revers
Guerre d’insoumises
Par les bras ouverts nus ou matelassés
Les jeunes épaulières sont des promontoires collectifs
Paravent contre les pudeurs moribondes
Epaules armées…et douces
Epaules tour de garde
Au-dessus d’un paysage miné
Dos de traces, vestiges de carrières d’oppression
Dos de gravats, dos-pare balles, dos-épaves,
Dos-éprouvé, dos-décadent, dos-cils vibrants,
Dos-antennes invisibles, dos-refus
Dos-limites, dos-border, dos-Futur…
Dos épineux, dos fouilles archéologiques
Dos Sondes.


Je me souviens des mères de ma mère et de mon père
Je me souviens des mères de mes mères
Je me souviens des sœurs de mes mères
Je me soutiens des sœurs de mes sœurs
Je me souviens de ma grand-mère
Je me soutiens de ma grand-mère
Je me tiens sous mes os de ma grand-mère
Je me bats contre la voûte humaine
Je choisis mes ébats
Abolition du viol
J’ai l’épine dorsale rageuse
Je me bats conte la succion des moelles
Contre la porosité par endormissement
de(la) masse
Je m’ébats contre la globalisation
De la honte


Levier catapulteur
Sphère ressort
Ma glotte a cessé d’avaler les injures
Elle crache, feu, sève et épines
La glotte, puits de nuages atomiques haut-parleurs
Les vannes sont lâchées…


Je m’octroie des alcôves régénérescentes aux globes oculaires ;
Une vision dotée d’un care-share.
Toutes les images positives, dans les sens où elles me font du bien au moment où je les vois, vivantes dans des lieux, et qui peuvent être utilisées partagées contre les images qui mettent en position d’impuissance quelqu’un.e, moi-même… une banque (je n’aime pas le mot) d’images qui pourrait autoproduire de nouvelles images aussi.
Des yeux désagressés, oui.
Des larmes pour care-share. Passer par la matière liquide pour refondre les images.


Comme il est nécessaire de reconnaître
le plaisir de toucher les cheveux,
tous les cheveux, toutes les textures,
toutes les épaisseurs, toutes les couleurs,
toutes les structures et les histoires des cheveux.
Les toucher avec les mains, avec leur cuir chevelu
et leur crâne en dessous. Faire rouler les cheveux
entre les doigts, sur les paumes, sous les narines avec lenteur,
avec la peau. On a besoin de se toucher,
pour s’incarner, se rencontrer les peaux, s’intercarner.
Pas seulement à deux, mais au moins à trois ou plus,
Sans violence, sans affront, sans douleur, sans dominer.


Des peaux contre peaux qui se touchent avec leur état de peau,
leurs sensations de peau, leur système de reconnaissance de peau,
leurs émotions de peau, leur perception de peau,
leur intelligence de peau, leur envie de peau, leur désir de peau,
leur rêve de peau, leur rire de peau, leurs épaisseurs de peau,
leur solitude de peau, leur souvenir de peau, leur politique de peau, leur curiosité de peau, leur texture de peau, leur temporalité de peau, leurs héritages génétiques de peau, leurs secrets de peau, leur greffe de peau, leur changement de peau…
Pour se toucher.
Avant que ne s’enclenche la peu-, le mépr-, le rej-, l’indif-.
Avant même.
Et ensuite, si besoin, muer. Laisser se détacher sa vieille peau, sa carapace devenue compressante et usée.
L’offrir en pâture aux acariens, aux rongeurs, aux poissons.
Se faire l’écume d’une peau ou le festin des fourmis.  

Avril 2018


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